La Banque et les banquiers en France by Hubert Bonin

La Banque et les banquiers en France by Hubert Bonin

Auteur:Hubert Bonin
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Larousse
Publié: 1991-12-31T16:00:00+00:00


IX

LES BANQUIERS GLOBE-TROTTERS DU XIXe SIÈCLE

Le dynamisme des banquiers français s’exprime aussi par leur action hors de la métropole. En effet, ce n’est pas des années 1960-1970 que date leur rayonnement à l’extérieur, mais du XIXe siècle, bien que, à plusieurs reprises, leurs initiatives aient été étouffées par les événements politiques et militaires des années 1917-1928 ou du tournant des années 1940.

1 — Des banquiers cosmopolites

Les banquiers du XIXe siècle sont délibérément « européens ». Les maisons de Haute banque ont coutume de travailler avec leurs correspondants des autres places financières, en particulier sur Londres et Anvers ; les Rothschild parisiens entretiennent des relations d’affaires avec les Rothschild de Londres ou de Vienne. Les grandes banques récentes sont fondées souvent par des coalitions de banquiers où figurent plusieurs solides maisons étrangères : c’est le cas à la Société générale, avec des Hollandais et des Britanniques, ou au Crédit lyonnais, avec des Allemands. Des maisons suisses jouent un rôle influent au Comptoir d’escompte de Paris dans les années 1870-1880. L’on ne conçoit pas de banque d’envergure qui ne soit ouverte sur les échanges internationaux d’argent et d’information.

D’ailleurs, nombre de cadres de banque sont d’origine étrangère, car les sièges font appel à des praticiens talentueux, formés sur le tas et habiles à entretenir des liaisons d’affaires et d’information avec leurs homologues des places au-delà des frontières. On peut parler parfois d’une « internationale des banquiers », unis par leurs affinités et leurs savoir-faire. Le Suisse Noetzlin est un directeur influent à Paribas au début du XXe siècle, tout comme l’Autrichien Spitzer à la Société générale ou le Hongrois Ullmann au C.N.E.P., tandis que le directeur des agences étrangères du Crédit lyonnais pendant les deux premières décennies du XXe siècle est un Anglais, James Rosselli, avec un Suisse comme adjoint, Auguste Célérié, et que le directeur de l’agence de Moscou, Roth, est un Hongrois. L’ouverture internationale du haut encadrement est symbolisée par l’importance de la présence du savoir-faire suisse à l’agence de Moscou : « Les chefs de service de l’agence étaient presque tous des Suisses. À cette époque, la Suisse fournissait le monde entier de ses employés de banque. Les banques suisses avaient mis sur pied un excellent système d’apprentissage. Elles prenaient chez elles un apprenti pendant trois ans sans lui payer d’appointement, mais elles s’engageaient à lui apprendre la banque en le faisant passer par tous les services. Le jeune Suisse, contrairement au Français, s’expatriait volontiers, il avait l’avantage de parler allemand, anglais et français, et, arrivé dans un pays, en apprenait très facilement la langue30. »

Les banques apportent leur concours au transfert de monnaies, aux opérations de change, au financement du commerce, comme leurs ancêtres des siècles précédents. Le placement des emprunts publics s’effectue en partie à l’étranger, grâce aux réseaux de correspondants bancaires ; c’est ainsi que, au début du XIXe siècle, les Rothschild passent pour les banquiers de la Sainte-Alliance, des monarchies antibonapartistes et antilibérales, et deviennent des « courtiers européens en valeurs d’État » (J. Bouvier). Le



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